Exposition
Du 02 mars au 24 avril 2019 à l’Espace Lézard --- Vernissage le 01 mars à 18h30
Yann Baco
Aciers forgés
Sculptures
Rien de plus périlleux que de réduire le propos à sa plus simple expression. A ne pas en dire assez, tout comme à trop en dire, on risque l’incompréhension, et pire, l’indifférence. Trouver le juste équilibre est affaire d’expérience, et de patience. Yann Baco, à n’en pas douter possède l’une et l’autre, lui qui offre au regard une sculpture certes épurée, et donc réduite à sa plus juste expression, mais porteuse dans sa matière même, dans la moindre courbe, le moindre éclat, des étapes successives qui ont mené à sa réalisation.
Ce travail, il convient de s’en approcher avec lenteur si l’on veut prétendre en apprécier chaque facette. Ce qui s’inscrit sous nos yeux dans l’espace possède la beauté de ce qui confère à l’évidence – pureté de la forme qui suggère avec finesse la ligne d’un corps féminin, stylisation émouvante et sentie du sujet.
Ici la parole est ramassée en quelques sons cristallins qui valent tous les discours. Le matériau employé, le fer, donne corps à cette voix sans en brouiller l’image.
Si ce travail n’est « ni d’ici ni de maintenant », c’est qu’il est de là-bas, ramené du cœur de ces négociations inouïes avec la matière, écrit Jean-Luc Clergue, et il est vrai que, une fois admis l’intemporalité des œuvres créées par Yann Baco, il importe d’en ressentir la puissance d’évocation, directement liée à son combat contre (ou avec) la matière. Nous avons tous du rôle fondateur du fer, une trace métallurgique au plus profond de nous, une scorie subliminale. Le fer nous parle. Il est vivant, explique l’artiste, forgeron dans l’âme qui a inventé par le feu des personnages aux caractères multiples (Petit Vaudou, Damoclès, Yorick…), des situations (Rencontre Fortuite, Conciliabule, Le Repas…) et même un bestiaire, dont la lecture est à la fois abstraite et figurative (Tortue, Girafe, Bison, Cachalot…).
Son travail est d’une écriture fluide, limpide, déliée comme le serait la calligraphie d’un maître. Ce qui se perçoit est une forme d’aboutissement.
Au-delà tout deviendrait flou. En deçà, le risque serait grand de paraître grossier. Yann Baco joue avec le feu, et du fer tire la substantifique moelle.
Un tour de force.
Ludovic DUHAMEL
Miroir de l’Art n°81, mars 2017