Elise Grenois – À corps perdu(s)

Exposition


 Jusqu'au 12 juin 2020 à l’Espace Lézard - Entrée gratuite


Elise Grenois

- À corps perdu(s) -

Les matières périssables me fascinent, ce qui mue, ce qui meurt, ce qu’il en reste.

Mes productions émanent toutes d’une réflexion sur l’inscription des choses dans le temps, réflexion que je déploie à travers des formes et des matériaux induisant des cycles d’existence différents, plusieurs vies et morts, dans un même espace.

D’un côté des formes naturelles, dans le sens où elles naissent d’elles-mêmes, que je prélève, révèle, et conserve grâce à certaines caractéristiques du moulage (cf. Espace Intermédiaire n°2 et 3). De l’autre, celles qui sont chargées d’intentions, manufacturées, où l’on retrouve des choix esthétiques et/ou fonctionnels. Dans ce cas, j’utilise le moulage pour les multiplier puis les déformer en usant de matériaux instables, tel que la paraffine (cf. Le paysage d’après et Dok).
L’omniprésence du moulage est révélatrice, « je » n’est jamais sujet direct du verbe former, je ne forme jamais, je préserve ou j’altère.

Les sculptures les plus récentes marquent un changement de statut du moulage dans mon travail. Reconsidéré comme le vaste territoire de recherche qu’il est, au-delà de sa fonction. Je m’attache à relever les éléments sous adjacents, qui floutent son statut et rendent poreux ses modes d’existence. Le moule empreinté sur nature a une troublante ressemblance avec une cicatrice temporelle. Je crois que c’est pour cette raison que j’aime tant les moulages, ces choses résiduelles, coincées entre deux espaces (temps).

Elise Grenois

Visite en groupe sur rendez-vous avec notre médiateur-trice
au 03 89 41 70 77 ou par mail : mediation@lezard.org

Dossier pédagogique disponible en cliquant sur ce lien.

Visuel : © Elise Grenois

Visionnez le reportage de TV7 sur l’exposition !

Nicolas Henry – Cabanes autour du monde – Expo photo

Exposition


Du 11 janvier au 26 février 2020 à l’Espace Lézard --- Vernissage le 10 janvier à 18h30 - Entrée gratuite


Nicolas Henry

- Cabanes autour du monde -

Une photographie de Nicolas Henry est une œuvre en soi bien sûr, chargée d’émotions, d’optimisme et d’engagement, à la clef d’entrée accessible et à la lecture multiple. Elle demeure en outre la résultante d’un certain nombre d’étapes à signaler tant celles ci témoignent de la collecte du récit, d’échanges interculturels et d’actes collaboratifs. Une photo, c’est un lieu et des hommes. Découvrir et tenter de comprendre un contexte, des habitants, une vie locale, tel est le dessein de l’artiste. À l’écoute d’anecdotes individuelles, de rêves ou de colères collectives, de difficultés quotidiennes ou d’initiatives transformatrices, Nicolas Henry fabrique un univers autour d’un récit qu’on lui a conté et en propose une résolution plastique.

L’équipe, avec l’aide de la population locale, réalise autour de cette histoire un objet, un « truc », un « machin », sorte de totem autour duquel chacun s’active à la construction. Les matériaux sont récupérés, glanés çà et là. On commence à les imbriquer les uns avec les autres. On noue, on cloue, on visse, on entremêle les feuilles de bananes, le bambou, les bouts de plastique, les tissus… tout autant d’ailleurs que le savoir-faire de chacun. On échange sur les façons de faire, « tu peux faire un nœud comme ça ! », « là, on va clouer », chacun exécute sa tâche en participant à une œuvre collective, on en oublie que l’on ne parle pas la même langue. « Je ne sais pas si je fais bien », « ce n’est pas grave, il faut avancer », tout est chronométré dans la tête du créateur. Pendant les prises de vues, l’action est omniprésente, le corps parle, les mains de l’équipe sont le prolongement de sa pensée. Il faut « faire ». Tous ces gestes sont essentiels à l’élaboration du dispositif. La scène commence à prendre forme, les structures sont montées, les couleurs arrivent, on commence à voir le tableau se dessiner. Les passants s’arrêtent, s’attroupent, débattent, tout en regardant le premier acte de la pièce en train de se faire. On sent le bouillonnement d’un événement à venir. Les lumières s’allument, le déclenchement des flashs scande l’histoire. Une lumière résiduelle s’imprime au fond de l’oeil, puis une seconde, et ainsi de suite à la manière d’un flip book.

Chaque scène du plateau est éclairée successivement et nous fait découvrir petit à petit le récit qui composera entièrement la photographie. On assiste alors à un vrai théâtre : les décorateurs deviennent acteurs, les techniciens metteurs en scène, le photographe mime, et les spectateurs photographes. Oui, il arrive parfois que ceux-ci déclenchent l’appareil photo. Tout ce cirque crée un espace social où chacun interagit. Les habitants découvrent des bribes de leurs récits personnels dans une installation géante, assemblés dans l’entredeux de la réalité et de la fiction. Chaque parole collectée se retrouve dans le décor. Leur histoire se déroule devant eux et amène une prise de conscience ; peut-être, soyons utopiques, une forme de résilience ?

Arnaud Lévénès et Mohamed Aroussi


Visite en groupe sur rendez-vous avec notre médiateur-trice
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Dossier pédagogique disponible en cliquant sur ce lien.

Visuel : © Nicolas Henry, Bateau terre

Varda Schneider – S.K.G.A.O.A.

Exposition


Du 09 novembre au 18 décembre 2019 à l’Espace Lézard --- Vernissage le 08 novembre à 18h30 - Entrée gratuite


VARDA SCHNEIDER

- S.K.G.A.O.A. -

Cette exposition donne à voir un ensemble de peintures et dessins réalisés au cours des deux dernières années, en Inde et au Népal. L’immersion dans un pays étranger est une source d’enrichissement et d’élargissement de mon horizon artistique, par ce qu'il peut avoir de différent mais aussi parce que le voyage rend mon regard plus attentif et mon esprit plus perméable. Je suis profondément influencée par l'environnement dans lequel je travaille, j'y puise mon inspiration, en extrait des formes et des couleurs qui ressurgissent dans ma peinture.

Le titre, S.K.G.A.O.A, reprend les lettres présentent dans la peinture du même titre, initiales du complexe résidentiel dans lequel j’ai vécu et travaillé l’hiver dernier à Goa en Inde.

Dans ma pratique, le point de départ d’un tableau est toujours une couleur, ou deux. Ce choix naît  généralement de l’expérience même de la couleur, de sa rencontre dans un espace et une temporalité externes au travail. Que ce soit un duo de couleurs qui, par leur réunion ou bien leur rencontre fortuite, fait naître en moi une vibration particulière, ou une couleur qui, à elle seule, met en branle mon navire : il s’agit toujours d’une émotion forte, un choc rétinien, un émerveillement, une jouissance. Ce peut être n’importe où et n’importe quand. La terre rouge d’un sol indien depuis la fenêtre du train, l’association d’une chemise bleue et d’une veste ocre, l’apparition d’un prunus dans un paysage vert, le rose  du  gingembre et le vert du wasabi en mangeant des sushis, le rouge dans une peinture finlandaise rencontrée par hasard... La couleur est avant tout ce qui  me donne envie de peindre.  À partir de ce choix initial se posent les suivants, ceux qui viennent au fur et à mesure de la peinture. Chaque couleur et formes sont pensées en fonction de celles déjà présentes,  pour créer une harmonie, les réveiller, ou les mettre en danger et devenir geste perturbateur. Il en va de même pour la composition, elle se construit au même rythme que la peinture. Ensuite, ce qui m’intéresse c’est d’instaurer un jeu avec le spectateur, de lui donner une forme de liberté en contrebalançant l’autorité d’une place et d’un point de vue idéal, qu’impose la frontalité du tableau, par l’insinuation d’un doute quant à ce qui est donné à voir. Je souhaite dynamiser la réception du tableau en créant une oscillation entre espace ouvert et fermé, entre espace illusionniste et espace physique. Pour cela, j’essaye de cultiver l’héritage d’une certaine conception du tableau qui s’ouvre vers l’intérieur, comme une fenêtre sur un espace tridimensionnel, mais je tente également de distinguer ma pratique de cette tradition classique en y affirmant des ouvertures du XXe siècle comme la matérialité de la peinture et du support. Il s’agit de flouter les repères, créer la confusion entre le centre et le bord, le haut et le bas, le dessus et le dessous, le mouvement et l’immobile, la figure et l’abstrait, le dedans et le dehors. Le but n’étant pas de rendre la composition bancale puisqu’au contraire tout au long de la fabrication d’un tableau je cherche à atteindre l’équilibre, mais pour que la réception, l’appréhension du tableau elle-même soit vacillante. Je cherche à pousser le spectateur vers une expérience de la peinture. Ainsi la notion d’espace est très importante, au sein du tableau d’abord, que je pense comme un espace projectif qui s’ouvre dans la profondeur des plans successifs et peut se refermer subitement sur la brutalité d’un aplat ou la matérialité d’un geste de peinture. Mais également celui dans lequel évolue le spectateur. Que ce soit par l’utilisation d’objets, l’extraction de formes d’une peinture reproduites en trois dimensions ou dans l’accrochage lui-même, mon travail tend vers l’utilisation, la contamination de l’espace de monstration pour qu’il devienne une prolongation de la peinture, comme un écho à l’espace pictural. Cela permet un aller-retour entre le déplacement du spectateur vers l’espace de la peinture et celui de la peinture dans l’espace de monstration. Le passage entre ici et ailleurs n’est alors plus unidirectionnel.

- Varda Schneider

Visite en groupe sur rendez-vous avec notre médiateur-trice
au 03 89 41 70 77 ou par mail : mediation@lezard.org

Dossier pédagogique disponible sur demande.

Visuel : © Varda Schneider, Sans titre, 2019

Yann Bagot – Les forêts magnétiques

Exposition


Du 09 septembre au 23 octobre 2019 à l’Espace Lézard --- Vernissage le 07 septembre à 18h30 - Entrée gratuite


YANN BAGOT

- Les forêts magnétiques -

Au départ de cette exposition, des semaines à dessiner dans la montagne du HartsmannWillerKopf à Wattwiller, invité en résidence à l’occasion de la Few 2018, accueilli par la Fondation François Schneider et par l’Abri Mémoire de Uffholtz.
Dans cette montagne mangeuse d’hommes qui fut un effroyable champ de bataille de la première guerre mondiale, la forêt a repris le dessus sur l’histoire. Pourtant, dans chaque arbre, d’innombrables éclats d’obus et de métaux, saisis dans la terre par les racines, s’élèvent dans des ascenseurs de bois et de sève. Destin imprévisible, ces éclats meurtriers protègent aujourd’hui la montagne de l’exploitation forestière. La forêt de feu est devenue une forêt magnétique.

Vivifié par la chance d’être au coeur de cette nature survivante, j’ai dessiné parmi les arbres, des roches, des rivières, me plongeant dans l’existence de ces témoins de l’indicibles.
Dessiner, faire corps avec le paysage, se laisser relier, tenter d’apréhender l’essence des choses. Partir en quête de la forme et de l’élan intérieur du paysage, selon la formule de François Cheng. Chaque dessin apparait dans un double mouvement, à la fois exaltation de la singularité du présent, et exploration sensorielle de la mémoire du paysage, transformation du temps vécu en espace vivant.

L’exposition met en regard ces paysages à d’autres explorations à l’encre, dans d’autres forêts, à Fontainebleau, dans les Ardennes gaumoises, ou en atelier : cascades arborescentes, persistances minérales, récifs corailliens d’eau profondes, songes et esprits, forêts nocturnes et astrales.
Un parcours à grandes enjambées parmi les âges et les terrains, porté par l’élan des souffles naturels.

- Yann Bagot

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Visuel : © Yann Bagot, Forêt de Fontainebleau, encre de chine sur papier, 56 x 76 cm, 2019 (détail)

Fenêtres #3

Exposition


Du 24 au 28 juin 2019 à l’Espace Lézard --- Vernissage à l'occasion de la Garden Party le 22 juin à 18h30 - Entrée gratuite


- Fenêtres #3 -

Lézard propose pour la 3ème fois l’exposition Fenêtres, présentation annuelle des travaux réalisés dans le cadre des actions de médiation culturelle de l’association. L’exposition permet chaque saison de présenter ces réalisations, passionnantes, parfois belles et toujours fortes. Elles sont le produit de la découverte et d’un dialogue avec la pratique et l’univers singulier d’un artiste de la région.

Avec Manne Emploi
· Atelier « Paysages et cartographies » animé par Audrey Abraham - collages, dessins, peinture
Un projet soutenu par le Conseil Départemental du Haut-Rhin

Avec le Centre Hospitalier de Rouffach
· Atelier « On a marché sur la terre » animé par Francis Hungler - gravure
Un projet soutenu par l’Agence Régionale de Santé
et la DRAC Grand Est

Avec les Maisons d’arrêt de Colmar et de Mulhouse
· Atelier « Nos prisons » animé par Paul d’Amour - écriture de chansons
· Atelier « Motifs graphiques » animé par Audrey Abraham - linogravure
· Atelier «Stop motion» animé par Célia Constantinesco - manipulation d’objets, prise de vue et réalisation d’un clip
· Atelier « Forêt animalesque » animé par Delphine Schmoderer - peinture sur bois

En partenariat avec le Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation. Un projet soutenu par la DRAC et la DISP.

Visite en groupe sur rendez-vous avec notre médiateur-trice au 03 89 41 70 77 ou par mail : mediation@lezard.org
Dossier pédagogique disponible sur demande.

Visuel : © Guillaume - Linogravure 2019 (détail)

Ateliers ouverts 2019

Ateliers ouverts 2019


18 > 19 & 25 > 26 mai de 14h à 20h


Cette année encore, l'association Lézard est partenaire avec Accélérateur de particules autour des Ateliers Ouverts.
Cet évènement fête ses 20 ans et propose au public d’aller rencontrer les créateurs sur leur lieu de travail, du 18-19 & 25-26 mai de 14h à 20h.

Pour plus de renseignements nous vous recommandons de visiter le site dédié : http://www.ateliers-ouverts.net/

VERNISSAGE DES ATELIERS OUVERTS 2019
Vendredi 17 mai de 18h à 03h
Bastion 14 - Ateliers de la Ville de Strasbourg
1 rue du Rempart - 67000 Strasbourg
Concerts, performances, foodtrucks, salon d’extérieur
Ouverture des ateliers d’artistes résidents jusqu’à 22h
18h-19h-20h-21h et 22h : intervention architecturale et performance de Ben Jack Nash

Raymond E. Waydelich – Lydia Jacob Story

Exposition


Du 11 mai au 13 juin 2019 à l’Espace Lézard --- Vernissage le 10 mai à 18h30 - Entrée gratuite


RAYMOND E. WAYDELICH

- Lydia Jacob Story -

Sculpture, gravure, peinture, dessin

On ne présente plus Raymond-Emile Waydelich, artiste alsacien, né en 1938. Archéologue du futur, explorateur, chercheur, c’est un homme généreux, truculent, attentif à ses contemporains, inventif et passionné.
Un versant de sa production est inspiré de la vie « rêvée » d’une couturière du XIXe siècle, Lydia Jacob, dont Raymond Waydelich a acquis un carnet de croquis au marché aux puces en 1973. Les épisodes de la vie de Lydia Jacob sont retracés à travers des moyens plastiques d’une grande variété : peinture, sculpture, collages, assemblages, aquarelles, gravures...
Ces œuvres font souvent référence à un personnage célèbre, à des marques, des lieux, ou des voyages imaginaires de Lydia Jacob. Elles sont fréquemment investies par un bestiaire truculent aux expressions mi-animales mi-humaines (crocodiles, cerfs, cochons, volailles, poissons...), dans un esprit poétique teinté d’humour, d’onirisme et d’humanisme.
Cet artiste emblématique de la création alsacienne présentera à l’Espace Lézard un ensemble d’œuvres encore peu montrées, de différentes époques et de différentes techniques, depuis les années 70 jusqu’à nos jours.

Visite en groupe sur rendez-vous avec notre médiateur-trice au 03 89 41 70 77 ou par mail : mediation@lezard.org
Dossier pédagogique disponible sur demande.

Visuel : © Raymond E. Waydelich, Lydia Jacob Story-Tunnes Georges Mory 1975 Boîte reliquaire 63x56x6cm

Felix Wysocki Apaiz – Fractures

Exposition


Du 12 janvier au 20 février 2019 à l’Espace Lézard --- Vernissage le 12 janvier à 18h30


Félix Wysocki Apaiz

Fractures

Vidéo, gravure, dessin, peinture, installation

Le travail de Félix Wysocki Apaiz se base sur des constats, des observations, des expériences, des rencontres vécues; ceux de proches ou d’inconnus entre espaces intimes et lieux publics. Il s’inspire de situations qui lui échappent, qui l’affectent ou qui l’indignent au quotidien.

Ses œuvres renvoient le plus souvent à différentes formes de fractures sociales (isolement, marginalité, communautarisme, individualisme…). Elles relatent des modes de vies, des modes de fonctionnement symptomatiques de ce genre de rupture humaine. Elles ont pour ambition de redonner de la visibilité à des personnes, des gestes, des comportements, des expressions, des situations qui en ont peu, pas ou plus.
C’est au travers d’une pratique pluridisciplinaire que Félix cherche à initier une réflexion sur nos modes de cohabitation et sur notre rapport à l’autre, avec l’espoir d’une meilleure considération de chacun.

Le dossier pédagogique est disponible, sur demande, par mail à : mediation@lezard.org

Yann Baco – Aciers forgés

Exposition


Du 02 mars au 24 avril 2019 à l’Espace Lézard --- Vernissage le 01 mars à 18h30


Yann Baco

Aciers forgés

Sculptures

Rien de plus périlleux que de réduire le propos à sa plus simple expression. A ne pas en dire assez, tout comme à trop en dire, on risque l’incompréhension, et pire, l’indifférence. Trouver le juste équilibre est affaire d’expérience, et de patience. Yann Baco, à n’en pas douter possède l’une et l’autre, lui qui offre au regard une sculpture certes épurée, et donc réduite à sa plus juste expression, mais porteuse dans sa matière même, dans la moindre courbe, le moindre éclat, des étapes successives qui ont mené à sa réalisation.
Ce travail, il convient de s’en approcher avec lenteur si l’on veut prétendre en apprécier chaque facette. Ce qui s’inscrit sous nos yeux dans l’espace possède la beauté de ce qui confère à l’évidence – pureté de la forme qui suggère avec finesse la ligne d’un corps féminin, stylisation émouvante et sentie du sujet.
Ici la parole est ramassée en quelques sons cristallins qui valent tous les discours. Le matériau employé, le fer, donne corps à cette voix sans en brouiller l’image.
Si ce travail n’est « ni d’ici ni de maintenant », c’est qu’il est de là-bas, ramené du cœur de ces négociations inouïes avec la matière, écrit Jean-Luc Clergue, et il est vrai que, une fois admis l’intemporalité des œuvres créées par Yann Baco, il importe d’en ressentir la puissance d’évocation, directement liée à son combat contre (ou avec) la matière. Nous avons tous du rôle fondateur du fer, une trace métallurgique au plus profond de nous, une scorie subliminale. Le fer nous parle. Il est vivant, explique l’artiste, forgeron dans l’âme qui a inventé par le feu des personnages aux caractères multiples (Petit Vaudou, Damoclès, Yorick…), des situations (Rencontre Fortuite, Conciliabule, Le Repas…) et même un bestiaire, dont la lecture est à la fois abstraite et figurative (Tortue, Girafe, Bison, Cachalot…).
Son travail est d’une écriture fluide, limpide, déliée comme le serait la calligraphie d’un maître. Ce qui se perçoit est une forme d’aboutissement.
Au-delà tout deviendrait flou. En deçà, le risque serait grand de paraître grossier. Yann Baco joue avec le feu, et du fer tire la substantifique moelle.

Un tour de force.

Ludovic DUHAMEL

Miroir de l’Art n°81, mars 2017